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Ce que je kiffe dans la vie en camion

Quand le « petit » devient synonyme de « liberté »

Quand on part en camion, on peut avoir peur qu’un fourgon soit trop petit. Eh bien, oui. Et non. J’ai été impressionnée de voir que ma maison de 7 m² bien aménagée est beaucoup plus pratique que mon appartement de 15 m² quand j’étais étudiante. Les rangements sont bien pensés, l’espace est optimisé au maximum. On réfléchit rarement autant à l’aménagement d’une maison qu’à celui d’un véhicule. Ça change tout !

Aussi, je vais peut-être dire un lieu commun, mais on a effectivement le plus grand jardin du monde. Il suffit de sortir dehors pour mettre les pieds dans l’herbe. Il est extrêmement rare que je passe plusieurs heures d’affilée dans mon camion. Même quand je travaille, je sors pour me ressourcer dehors. On peut s’étirer, courir, jouer, se balader sans avoir à aller bien loin.

Bon, ok, c’est beaucoup plus compliqué l’hiver. Et c’est pour cela qu’il faut trouver des astuces pour ne pas être enfermé plusieurs jours de suite quand il pleut ou qu’il gèle dehors. Mais tout cela, j’en parle dans le chapitre lié à l’hiver en camion.

Quand on débute, on peut se demander comment on va faire pour faire loger tout ce que l’on possède dans un si petit espace. S’il s’agit de sa seule et unique maison, c’est sûr que ce n’est pas une chose facile. Il va donc falloir faire du tri afin qu’il ne reste que l’essentiel, ce dont nous avons besoin au quotidien.

Et vous savez quoi ? Ne pas être entouré de tout un fatras de choses non indispensables, c’est hyper reposant. Moins d’objets signifie moins de pannes, de casses. On ne se dit plus devant tel habit qu’on devrait le mettre ou le donner, qu’il faudrait le recoudre ou en faire quelque chose. On se débarrasse de tout ce qui est « en attente » pour se concentrer sur ce qui correspond à ce que je veux faire/construire/utiliser « ici et maintenant ».

Certains disent que « plus on a d’espace, plus en entasse ». Et l’inverse est aussi vrai : moins on a d’espace, plus on se concentre sur l’essentiel. Je suis persuadée que ce qui nous entoure influe sur ce que l’on a dans la tête. Moins d’objets, c’est plus de légèreté. Et donc plus de liberté d’esprit. Alors, vive les mini-maisons !

Dépenser de l’argent devient fastidieux

Je ne peux sans doute pas faire de généralités et cette dimension est peut-être tout à fait personnelle, mais mon départ nomade a totalement bouleversé mon rapport à l’argent.

Avant, j’avais toujours mon portefeuille sur moi avec de la monnaie pour boire un café, acheter de quoi grignoter ou faire des emplettes. L’usage de l’argent était quelque chose de quotidien, naturel. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

J’utilise de l’argent quand j’ai décidé, consciemment, que j’avais besoin de quelque chose et que je fais l’effort d’aller chercher cette chose en question. Peut-être que ce n’est pas lié au nomadisme, mais au fait que je passe la grande majorité de mon temps dans la nature. Si j’ai faim, il n’y a pas de vendeur de snack à proximité. Si je vois des amis, je ne vais pas boire un verre dans un bar, mais j’ouvre une bouteille qui est dans mon stock. Si mes chaussures tombent en lambeaux, je ne vais pas passer devant un magasin qui me donnera l’occasion d’acheter une paire neuve. Je devrais faire la démarche d’aller en ville pour trouver le magasin.

Et au final, nombreux sont les achats que je repousse jusqu’à ce que finalement, ils ne soient plus nécessaires (parce que je n’en ai plus envie ou que j’ai trouvé ce dont j’avais besoin d’une autre façon).

Parfois, cela a changé mon rapport à la consommation. Pour reprendre l’exemple des chaussures, j’étais fatiguée de devoir trouver une nouvelle paire tous les ans car ces satanées chaussures s’usent trop vite. Un jour, je suis passée devant la boutique d’un cordonnier-chausseur. Je me suis permis de dépenser beaucoup plus d’argent, mais pour une paire de chaussures artisanale, résistante et réparable qui me suit maintenant depuis de nombreuses années. Plus besoin de nouvelles paires de chaussures avant un bon bout de temps !

Encore une fois, je me concentre sur l’essentiel et ça change radicalement la donne.

Le plaisir de la rencontre

Certes, mon rapport peut être biaisé par mon véhicule. Mon camion est décoré, et pas qu’un peu. Mais j’ai parlé de ça avec nombre d’autres nomades, et je pense que c’est tout de même un constat assez commun. La vie en fourgon, comme le voyage de manière générale, ouvre la porte à de nombreuses rencontres. Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont abordée parce que je vis en camion, qui sont intéressées par cette thématique ou juste curieuses de ce mode de vie. Il peut s’agir de passants quand je suis garée en ville, de clients de supermarché qui m’abordent sur un parking ou encore de randonneurs quand je suis posée dans un coin de nature.

Que ceux qui veulent rester seuls se rassurent, il est tout à fait possible d’esquiver les questions. J’avoue que je ne suis pas forcément toujours au top et qu’il m’arrive parfois de juste esquisser un sourire, de répondre poliment et de reprendre mes activités. Mais si l’envie d’un peu de compagnie ou de découverte est présente, les conversations se poursuivent et rebondissent pour finir parfois par de bons repas partagés.

Au-delà de ces rencontres impromptues, le fait d’avoir sa maison partout avec soi apporte nombre d’avantages, comme celui de pouvoir passer à l’improviste chez quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis longtemps. J’ose, parce que s’il n’est pas disponible, je peux repartir pour revenir le lendemain. C’est tout l’avantage d’être voisins, que ce soit pour quelques heures ou pour quelques jours.

Prendre le temps de vivre

La vie nomade, c’est souvent ne pas être dans le stress des horaires de boulot (ou au moins pas tout le temps). La journée s’organise de manière bien différente que lorsque l’on est sédentaire. J’ai découvert le plaisir d’observer. Cela peut paraître étrange, mais auparavant, je prenais trop rarement le temps de m’arrêter et d’observer ce qu’il y a autour de moi. De prendre conscience qu’il y a des chenilles qui mangent les feuilles du noisetier et des bêtes innombrables qui se baladent dans l’herbe. De regarder les feuilles des plantes et d’apprendre à les différencier les unes des autres. Il n’y a plus « de l’herbe » sous mes pieds, mais des plantes, variées, avec leurs caractéristiques propres.

Plutôt que d’aller d’un point A à un point B, je vais naviguer de lieu en lieu, sur de petites routes de campagne, faire des détours, m’arrêter prendre des photos, remarquer la spécificité de l’architecture, m’émerveiller de la variété des paysages. Il n’y a plus d’horaires, il n’y a plus que mes envies et mes besoins qui m’aident à choisir la suite du programme : m’arrêter boire un thé, faire une sieste, manger, travailler.

Dormir dans les plus beaux endroits imaginables

Je pense qu’il s’agit là de l’argument numéro 1 de mon amour pour la vie nomade. Vivre en camion, cela permet de découvrir des milliers de petits coins de nature qui semblent ignorés de tous. Des clairières, des bords de rivières, des chemins de terre, des sommets de collines, des points de vue à couper le souffle ou, au contraire, des espaces ombrés au creux des bois. Chaque matin, me réveiller en ayant oublié où je me suis garée la veille, ouvrir la porte et m’émerveiller de ce qui m’entoure.

Je perds sans doute parfois beaucoup de temps à trouver le « bon » spot. Je suis devenue exigeante, très exigeante. Mais mon émerveillement quotidien nourrit ma joie de vivre, alors j’assume !

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