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Retours d’expériences d’hiver en camion

L’hiver en camion, ça fait quand même un peu peur. On se demande comment on va supporter le froid. Malgré l’isolation des parois, la température baisse considérablement pendant la nuit.

J’ai commencé la vie en camion en couple. Dès la première année dans le camion, nous avions la chance d’avoir dans nos bagages un sac de couchage prévu pour dormir sous tente dans l’Himalaya. Impossible d’avoir froid pendant la nuit. Pour le reste, nous n’avions pas de chauffage et la première tactique a été de migrer, comme les oiseaux, pour rester au chaud.

L’hiver en camion, ça fait quand même un peu peur. On se demande comment on va supporter le froid. Malgré l’isolation des parois, la température baisse considérablement pendant la nuit.

J’ai commencé la vie en camion en couple. Dès la première année dans le camion, nous avions la chance d’avoir dans nos bagages un sac de couchage prévu pour dormir sous tente dans l’Himalaya. Impossible d’avoir froid pendant la nuit. Pour le reste, nous n’avions pas de chauffage et la première tactique a été de migrer, comme les oiseaux, pour rester au chaud.

Au pied du viaduc du Millau le 29 novembre 2013. Première découverte du gel au réveil. Nous avons posé la bouteille de gaz au soleil avant de pouvoir déguster notre café du matin.

Première destination : l’Espagne. Nous avions été retardés dans le nord par des impératifs. Nous n’avions pas encore passé la frontière quand nous avons compris que notre premier ennemi était le gel : l’eau se fige dans les tuyauteries, le gaz butane fonctionne beaucoup moins bien, voire pas du tout. Le risque est que le gel cristallise l’eau contenue dans les tuyaux et provoque une fuite ou perce la membrane de la pompe à eau. Et… pas de possibilité de se faire un café pour se réveiller et se réchauffer le matin. Nous fuyions donc les températures inférieures à zéro autant que possible. Si les prévisions allaient dans ce sens, nous roulions vite vers le sud ou vers la mer. Nous avons longé la côte. Chaque virée à l’intérieur des terres nous rappelait l’importance du microclimat méditerranéen.

Au mois de février, près de Valencia, le soleil était au rendez-vous, nous passions tout notre temps en t-shirt ! Un souvenir magnifique. Au final, un chouette premier hiver, prometteur pour l’avenir…

Le lac de l’Ainsa-Mediano, région d’Aragon, au mois de janvier

Le second hiver n’a pas été aussi agréable. Des pluies continues et violentes ont commencé en novembre, alors que nous étions dans le Sud de la France. Nous évitions soigneusement les bords de rivières et les zones inondables et nous avancions vers le sud. En route vers l’Italie cette fois. Tous les jours de pluie, nous roulions toute la journée dans l’espoir de quitter les nuages. Et comme il pleuvait tous les jours, nous avons vite atteint le sud du pays. Nous avons pris le ferry pour aller en Sicile. Une vague de froid est arrivée, nous sommes allés dans une aire de camping-car privée pour la toute première fois. Un petit chauffage électrique nous a permis d’éviter le gel et de sécher nos affaires.

Le lieu était tenu par une famille sicilienne très chouette. Avec les 4 autres couples de camping-caristes, ils nous ont invités à fêter la nouvelle année : repas traditionnel et feux d’artifice. Une belle soirée. Au réveil, l’Etna, le volcan que nous apercevions au loin était couvert de neige. Il neigeait également à Trapani, la ville la plus chaude de Sicile. On nous a dit que cela faisait 30 ans que ce n’était pas arrivé.

La température est remontée, nous avons quitté l’aire et fini notre tour de l’île , poursuivis par les nuages. Fatigués d’attendre le beau temps, nous avons repris la route vers le nord. Nous avons traversé la frontière début mars accompagnés par un soleil qui ne nous a plus quittés pendant quelques semaines. L’hiver était enfin terminé.

Nous n’avons pas souffert du froid en Italie, nous nous réchauffions en buvant du thé et en cuisinant. Par contre, l’humidité permanente était beaucoup plus désagréable. Nous en avons eu confirmation par la suite : nous préférons largement un froid sec à une température plus douce avec de la pluie.

Le Géant de pierre face à la mer, Monterosso al Mare, Italie, le 2 mars 2014

Ce deuxième hiver en Italie nous a quand même vaccinés, nous voulions un chauffage dans le camion, au moins pour être au sec. Nous avions essayé de trouver un endroit où l’installer des dizaines de fois. Mais notre (petit) camion est particulièrement bien aménagé, tellement bien qu’aucun espace n’est perdu. Impossible d’ajouter un nouvel élément.

La solution est venue d’elle-même le jour où le meuble en plastique douche/toilettes chimiques nous a lâchés. L’occasion de tout refaire et de tout repenser. Les toilettes sèches ont remplacé les toilettes chimiques, permettant de récupérer un nouvel espace. Un petit chauffage à gaz est arrivé, accompagné de sa douce chaleur qui apporte un confort non négligeable. Il permet d’augmenter la température du camion de 10 °C. Ce type de chauffage est déconseillé en usage intérieur. Il est important de pouvoir le surveiller quand il est allumé, et donc de l’éteindre quand on dort pour plus de sécurité. Notre duvet de l’Himalaya reste donc notre meilleur ami.

Le troisième hiver, nous sommes restés en France. Décembre, janvier, tout va bien. Mais en février, les premiers moments de gel sont arrivés : le gaz butane restait sous forme liquide dans la bouteille. Nous avons fait une nouvelle acquisition : un chauffage qui venait de sortir sur le marché. Pas cher, petit, puissant, qui fonctionne au gaz… avec des cartouches de 225 g. Un fonctionnement peu écologique — les cartouches permettent de se chauffer pendant 2 h et après, direction la déchetterie. Quand il est compliqué de garder au chaud la bouteille de 13 kg, les petites bonbonnes du chauffage d’appoint se glissent dans le lit lorsque l’on dort. Il est alors possible de réchauffer le camion au réveil. Un appoint confortable surtout quand les températures ne remontent que très peu au cours de la journée (ou restent en dessous de 0 °C), mais à utiliser avec modération.

Au final, nous avons fait un crochet en Allemagne. La neige nous a bloqués quelques jours sur un parking, mais nous avions de quoi travailler, cela ne nous a pas posés de problème.

Sur la route du sud, 29 novembre 2013

Le quatrième hiver dans le camion, les choses ont encore changé. Car il n’y a pas que le froid et l’humidité qui rendent l’hiver difficile. La nature est le plus grand des jardins, mais à la saison froide, on n’a pas trop envie de sortir. Le camion bleu se gare sur n’importe quelle place de parking, se déplace en ville sans problème. Mais cet avantage a un prix en termes d’espace. Il se révèle vite petit. Deux personnes peuvent difficilement être debout en même temps et il est nécessaire de contrôler ses mouvements lors de chacun de ses déplacements.

En novembre, nous avons acheté une caravane. Notre espace de vie a triplé. Cela change la vie, mais avec ses inconvénients. La circulation en ville et les demi-tours sont plus complexes… mais quel luxe pour l’hiver ! La caravane est chauffée grâce à un poêle à gaz classique de maison. Quand l’espace n’est plus un problème, les solutions de chauffage sont plus simples et moins onéreuses. C’était un bel équilibre pour la vie à deux.

Depuis que je navigue seule dans le fourgon, j’ai pris un poêle à gaz de maison demi-format. Il occupe une place que nous n’aurions pas pu utiliser quand nous étions deux. Je suis toujours extrêmement attentive quand je l’utilise car ce n’est pas un chauffage adapté à la vie en camion, il n’y a pas d’évacuation des gaz brûlés et les risques d’incendie existent si je ne fais pas attention à ce que rien ne soit présent dans la zone de sécurité. L’avantage de ce chauffage est que le camion se réchauffe vite.

Pour conclure

J’ai vécu plusieurs hivers dans un véhicule où le système de chauffage n’était pas optimum. Je connais les réveils à 0 °C où j’attends au moins 1 h avant de sortir de lit pendant que le camion se réchauffe. Ou ceux où je prends le volant dès que j’ouvre les yeux pour aller dans un village me réchauffer dans un café. Certains soirs, je passais une demi-heure à calfeutrer toutes les parois de mon camion avec des plaids ou des couvertures pour limiter les déperditions de chaleurs.

Malgré ça, je suis tellement accro à la vie en camion aménagée que je n’ai jamais imaginé l’abandonner.

anecdote

Je me souviens d’un jour où j’étais malade. J’avais la migraine et de la fièvre. Il pleuvait. Il faisait froid. J’étais dans la caravane, sur le terrain, toute seule. Je rêvais d’un bain chaud. D’une maison avec une température stable. Et dans le même temps, je savais pertinemment que si j’avais ces éléments de confort, je perdrais par la même occasion le contact avec mon environnement proche. Car on s’habitue vite à la facilité. Être dans un espace fermé suffisamment grand fait que l’on passe beaucoup moins de temps à l’extérieur.

Et avec mon mal de tête, j’ai souri. Je savais que c’était un mauvais moment à passer. Que ce moment serait moins dur si j’avais une vie sédentaire et dans les clous, mais que le reste de ma vie serait aussi sacrément moins beau. Alors, j’ai pris mon mal-être avec philosophie. Je repensais aux mots d’Elektra (La voie de la sérénité, épisode 3 de la série SideWays) :

« Les contraintes inhérentes à un mode de vie
que l’on a choisi ne sont pas des contraintes.
Ce sont des moments de lien avec nous-même.
Les contraintes deviennent
le symbole de notre LIBERTÉ. »

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