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Stratégies et équipements pour faire face à l’hiver en camion

Quelles stratégies ?

Quelles stratégies ?

Avoir un véhicule parfaitement adapté au froid

Si vous avez un véhicule adapté, largement isolé, avec un chauffage efficient, vous n’avez pas trop de questions à vous poser. La réalité est que ce type de cas est assez rare dans mes connaissances, même auprès de ceux qui ont des camping-car.

De nombreux saisonniers qui travaillent à la montagne fonctionnent avec des chauffages à gaz adaptés, mais utilisent une quantité de gaz impressionnante (une bouteille de 13 kg tous les 3 à 5 jours).

Aller là où il fait chaud

Vous avez compris, c’est ma technique préférée. Elle est idéale si on peut travailler à distance, que l’on n’a pas d’impératif ou que nos objectifs peuvent se réaliser dans le Sud (bénévolat, chantiers, etc.).

En Aragon au mois de janvier…

Trouver un pied-à-terre pendant l’hiver (individuel ou collectif)

Certains amis naviguent dans des collectifs pendant l’hiver, chez des amis ou de la famille. C’est l’occasion de nouer des liens et de donner des coups de main sur les chantiers des uns et des autres. On a ainsi l’accès à des bâtiments chauffés, tout en gardant son indépendance en cas de besoin.

D’autres prennent des locations, souvent peu chères pour cette période, comme des amis qui passent de leur petit van non rehaussé à une tiny house.

Trouver un pied-à-terre

Chacun trouve son pied-à-terre à sa manière. Cela peut être grâce à la famille, aux amis, aux rencontres, par des expériences de bénévolat sur le long terme. Parmi les exemples intéressants, nous avons rencontré une femme qui avait posé son camion sur les terres d’un généreux agriculteur, qui lui rendait ce service sans contrepartie. D’autres amis utilisaient les principes du home-sitting (gardiennage de maison ou d’animaux). Pendant le confinement, un site internet avait été mis en place pour proposer des terrains aux personnes vivant en camion et n’ayant pas d’endroit pour se confiner. Il est toujours actif : bubbles-app.io.

N’hésitez pas également à faire appel aux communautés de nomades qui discutent ensemble sur Internet et se donnent de nombreux coups de main.

Si vous n’utilisez pas le camion quelques jours (ou plus)

Si vous mettez de côté votre camion pendant l’hiver, que ce soit pour quelques jours ou pour plusieurs mois, prenez en compte le risque de gel et l’impact qu’il pourra avoir sur votre véhicule. Il peut être judicieux :

  • de purger les circuits d’eau (notamment pour éviter de détériorer la pompe à eau et les canalisations),
  • de mettre votre batterie à l’abri du gel (elle se décharge plus vite lorsqu’il fait froid et si vous ne la rechargez pas régulièrement, elle risque fort de rendre l’âme dès votre premier hiver)
  • et d’enlever toute nourriture qui risque le gel, y compris les boîtes de conserve (pour éviter de créer des ruptures de chaîne de froid).
Longs réveils hivernaux…

L’équipement

Le chauffage

Pour être honnête, mes méthodes de chauffage ne sont pas conseillées. J’utilise des chauffages à gaz à convection sans évacuation des gaz brûlés. J’ai fait ce choix par facilité : par économie — ces chauffages achetés d’occasion ne sont pas très chers —, mais aussi parce que l’aménagement actuel de mon camion demanderait de mettre en place de gros travaux pour l’installation d’un chauffage plus sécurisant.

Si vous souhaitez vivre à l’année dans votre fourgon, c’est top que l’option chauffage soit pensée et prise en compte avant l’achat et/ou l’aménagement.

Les chauffages avec évacuation des gaz brûlés sont chers, mais ils vous permettront un confort et une sécurité en plus. Ils peuvent fonctionner au gaz ou parfois directement en pompant le gasoil dans votre réservoir. Certains de ces chauffages, pour la ventilation, sont assez bruyants, voire demandent une forte consommation d’électricité. Ce sont des points à vérifier avant achat.

Un choix souvent fait par les baroudeurs au long cours est l’installation d’un poêle à bois. Le gros point à surveiller est de dimensionner le poêle au volume de votre habitacle pour ne pas vous retrouver dans un four dès que vous lancez votre feu. Le principe du poêle rocket (à double combustion) est particulièrement adapté car il est hyper efficient (et donc demande peu de bois) et permet d’avoir un conduit qui n’est pas trop chaud (et donc moins dangereux). Ces modèles adaptés sont assez chers (plus de 500 €), l’offre est quasi inexistante en France et ils sont donc actuellement introuvables en occasion. Certains très bricoleurs fabriquent eux-mêmes leur poêle — toutes les notices de construction sont disponibles sur Internet avec de nombreux retours d’expérience. Les amis vivants dans des poids lourds peuvent cependant trouver des poêles à bois classiques tels qu’on les trouve dans le commerce.

Le poêle à bois de Alizée et Yoann (cheminsdefaire.fr)

Pour ma part, je possède également un tout petit chauffage électrique, très énergivore et pas du tout écolo. Je l’utilise dans les cas extrêmes, lorsque je me rends compte qu’il risque de geler dans le camion pendant une nuit ou deux. Je me réfugie alors dans une aire de camping-car avec électricité, dans un camping ou chez l’habitant afin de chauffer au minimum la nuit pour éviter que la température ne descende trop.

Détecteur de monoxyde de carbone indispensable !

Que vous vous chauffiez au gaz ou au bois, achetez et installez un détecteur de monoxyde de carbone. S’il y a un point fondamental dont il faut se souvenir, c’est celui-ci. Tous les ans, des nomades meurent par intoxication dans leur véhicule. Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore produit lors d’une mauvaise combustion. Il provoque maux de tête et somnolences. On meurt tranquillement dans son sommeil, sans se rendre compte de rien.

Privilégiez les détecteurs avec écran qui permettent de comprendre quelle quantité de monoxyde est présente et à quelle occasion. L’achat du détecteur lors de la mise en place du chauffage m’a permis de me rendre compte que l’un des feux de cuisson posait problème — alors que je laissais parfois mijoter des plats pendant des heures pendant l’hiver. Il m’a également permis de me rendre compte que le chargeur de batterie 220 V n’arrêtait pas la charge lorsque la batterie était pleine, provoquant un bouillonnement du liquide, l’évacuation de gaz toxiques et, par la même occasion, un risque d’explosion.

Sans conteste, le détecteur de monoxyde de carbone est un élément de sécurité de base quand on vit en camion.

[PS : y’en a des pas trop chers à dans les magasins Action, bien moins chez que dans les grandes surfaces de bricolage en tout cas]

Isolation complémentaire

L’isolation d’un véhicule est indispensable, comme on l’a déjà vu dans le chapitre aménagement. L’hiver, quelques ajustements sont possibles afin de perdre encore moins de chaleur. Les fenêtres constituent le principal pont thermique, il est donc intéressant de leur ajouter des isolants dédiés. Les produits adaptés dans le commerce peuvent être assez onéreux. Ils sont cependant relativement simples à fabriquer soi-même : soit avec des chutes d’isolant multicouche (restants de votre aménagement ?), avec des tapis de sol de camping ou avec des couvertures de survie. En fonction de votre aménagement, il peut être également judicieux d’ajouter une couche isolante entre la cabine et l’espace de vie si la première n’est pas utilisée.

L’aération est également indispensable…

Attention à ne pas colmater les grilles de ventilation du véhicule. Il est fondamental de renouveler l’air à tout moment. S’il existe des pourcentages d’aération nécessaires sur la carrosserie dans les normes d’aménagement VASP, c’est surtout pour des raisons de sécurité des personnes. Et cette aération est d’autant plus nécessaire si vous avez un chauffage allumé, ou pour limiter la condensation.

Ne passez pas à côté, même s’il fait froid.

Vêtements et couvertures

Voici quelques techniques éprouvées pour ne pas souffrir du froid si votre aménagement n’est pas au top. Si vous avez l’impression de vous retrouver chez votre grand-mère… ben, c’est normal !

– Avoir des t-shirts thermorégulateurs, bien efficaces pour éviter de ressentir les écarts de température (on les trouve en magasin de sport notamment).

– Utiliser les bons vieux pulls en laine, pas très sexy, mais très efficaces. Si vous trouvez, le cachemire est idéal. Dans tous les cas, il est important de porter des vêtements dans lesquels vous vous sentez à l’aise, pour ne pas ajouter un effet bibendum au mal-être du froid. Si vous vous sentez obligés de porter un manteau à l’intérieur, c’est que l’optimum n’a pas encore été trouvé. [PS : y’a des pulls fins et chauds chez Uniqlo, ça marche super bien !]

– Rien ne vaut une bouillotte bien chaude pour se réchauffer les mains ou pieds, surtout le soir quand on rentre dans le lit. Et pendant toute la journée, c’est chouette d’avoir une tisane à disposition pour se réchauffer les mains. Si vous n’êtes pas fan des tisanes ou que vous ne voulez pas trop en boire, je me suis bien faite à l’eau chaude, qui se boit couramment dans le désert.

– Si vous devez travailler sur ordinateur ou lire un livre, un plaid sur les jambes, c’est top. Sans oublier les chaussons/chaussettes ou surchaussettes en laine.

– Pour la nuit, de bonnes couvertures en laine sont idéales. Le nombre dépendra de vos besoins. Si vous souhaitez quelque chose de plus léger, des duvets spécialement adaptés au grand froid sont très pratiques et prennent beaucoup moins de place dans les placards. [PS : j’ai fini par acheter un duvet Valendre. C’est hyper cher, mais c’est une référence des sportif de haute montagne, fabriqué en France et garantie à vie. Si vous vivez à l’année en camion, pendant plusieurs années de suite, je pense que l’investissement vaut le coup…]

– Dans tous les cas, border son lit évite tout passage d’air. C’est plus efficace que je ne l’aurais imaginé.

Pour ne pas recommencer les mêmes erreurs que nombre de nomades débutants

L’humidité sous le matelas : Sur quel type de matériau votre matelas est-il posé ? Si ce n’est pas un sommier à latte, qui permet une aération suffisante du dessous du matelas, pensez à l’aérer de temps à autre.

Je connais beaucoup trop de personnes qui ont dû changer de matelas suite à leur premier hiver en fourgon : le matelas avait moisi sur la plaque de bois qui servait de sommier.

De mon côté, je transforme le lit en banquette tous les jours, et j’en profite pour retourner les coussins. Je suis toujours impressionnée par la condensation qui s’est réalisée au cours de la nuit.

Si vous vous chauffez au gaz : Si votre chauffage a du mal à démarrer, c’est peut-être parce que votre brûleur est encrassé. N’essayez pas de le nettoyer avec un outil (vous risqueriez d’abîmer le brûleur), mais plongez-le dans du vinaigre blanc une nuit durant.

Et pour l’entretien de vos tuyaux de gaz, si vous pouvez donner un coup de compresseur à air une fois par an, cela évacuera le liquide formé par le gaz et facilitera le passage de ce dernier.

Bon courage pour l’hiver !

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