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Notion : une gestion centralisée

Gestion centralisée et décentralisée

Lorsque l’on parle de réappropriation de nos outils numériques, il existe un concept clé : la décentralisation. Les serveurs de la quasi-totalité des services fournis sur internet sont centralisés. C’est une entité unique qui gère l’ensemble des informations du système. Si cette entité disparaît, l’intégralité des données aussi.

La décentralisation, cela signifie que de multiples serveurs dispersés sur la toile gèrent chacun les données qui le concerne et que personne n’a une vue d’ensemble de l’intégralité du réseau. C’est le principe d’internet. De multiples ordinateurs sont connectés à internet. Si une partie disparaît, les données qu’elle gère disparaissent, mais le système existe toujours. Seule la disparition de tous les serveurs en même temps ferait courir un risque à l’intégralité du système, et c’est hautement improbable.

Promouvoir la résilience des services, cela peut passer par la promotion de la décentralisation. On souvent utilise le terme de « pair » pour désigner des éléments sur le même niveau qui, ensemble, créent un système décentralisé. C’est le principe du Peer-to-Peer (pair-à-pair), système bien connu dans les années 2000 pour faciliter le téléchargement de fichiers entre les ordinateurs d’un même réseau – téléchargement souvent considéré comme illégal et à l’original de la loi Hadopi contre le téléchargement illégal.

Le principe du Peer-to-Peer est utilisé plus récemment par PeerTube, un équivalent libre de YouTube. La force de YouTube réside dans ses millions de serveurs stockant les milliards de vidéos hébergées sur la plateforme, ainsi que la bande passante démesurée à laquelle il a accès. L’hébergement vidéo est l’un des services les plus complexes d’internet et semble inaccessible à de petites structures pour deux raisons : il faut une capacité de stockage gigantesque, ainsi qu’un flux internet suffisant pour supporter que, par pic, suite à un partage par exemple, une seule vidéo puisse être regardée en même temps par des dizaines de milliers de personnes sans saturer la bande passante du serveur. Et c’est là que le principe de la décentralisation peut faire des miracles. PeerTube propose à de nombreux serveurs d’héberger des vidéos. Ces derniers accueillent les vidéos qu’ils souhaitent mettre en ligne et, s’ils le souhaitent, ils peuvent ouvrir leurs capacités à d’autres. Aucun des serveurs en question n’a la capacité, seul, de gérer le flux d’une vidéo regardée simultanément par des milliers de personnes. Mais quand la charge augmente, les capacités de différents serveurs et des ordinateurs qui regardent la vidéo en question sont mis en commun pour gérer le flux. Aucun serveur n’est central, aucun serveur est indispensable, mais la mise en commun de centaines, de milliers ou millions de d’ordinateurs crée la force du système. En parallèle, chaque serveur n’a accès qu’aux informations qui passent par chez lui et personne n’a accès à toutes les informations qui passent par le réseau.

Le Pair-à-Pair est une forme de décentralisation. Elle est pratique à expliquer pour comprendre le principe global, mais il en existe d’autres formes. Le principe général est, comme son nom l’indique, que l’ensemble du système ne soit pas dépendant d’un seul organe centralisé.

Comprendre les particularités du logiciel libre et de la décentralisation me semble important pour voir les nuances des différentes solutions proposées plus loin. Si c’est bien clair, vous pouvez passer à la suite !

Envie d’en savoir plus sur PeerTube ? Découvrez l’une des plateforme de visionnage : peertube.fr ; et le site qui présente le principe : joinpeertube.org.

Les données stockées sur internet ne sont pas entre nos mains

Il était une fois un papa ultra-connecté, utilisant les services de Google depuis 15 ans, avec une bonne partie de ses données hébergées sur le cloud de Google, utilisant un téléphone Google Fit, géré, vous l’aurez deviné, par Google. Ce cher papa remarque que le sexe de son fils est gonflé et douloureux. Nous sommes vendredi soir, il lance une téléconsultation avec un médecin. Ce dernier lui demande des photos pour examiner le problème. Il envoie la photo par mail, des antibiotiques sont prescrits, l’enfant se remet. Tout va bien. Sauf que…

Deux jours plus tard, il découvre en voulant se connecter à internet que son compte Google a été désactivé pour raison « d’activités pédopornographiques ». La police, prévenue par Google, se rend vite compte qu’il s’agit de photos médicales et aucune poursuite n’est mise en place. Le problème : ils ne peuvent pas le joindre. Son compte ayant été désactivé, son téléphone Google ne fonctionne plus, son mail est inaccessible. Pour Mark, c’est l’enfer, il ne peut plus travailler, n’a plus accès à ses données hébergées sur Google Docs, à ses sauvegardes hébergées sur son compte Google, ni même aux numéros de téléphone de ses proches, etc. Ayant été lavé de tout soupçon par la police, Mark tente de joindre l’entreprise pour retrouver l’accès à ses services. Mais ce dernier fait la sourde oreille. Ses données finiront par être définitivement supprimées.

Cette histoire me permet de mettre en valeur un point important : les données hébergées sur internet ne nous appartiennent pas. Nous y avons accès, nous avons peut-être des droits d’auteurs sur nos données, mais tant qu’elles ne sont pas hébergées sur un disque dur physique chez nous, elles ne sont pas entre nos mains. Je ne compte plus de nombre de personnes qui ont eu des avertissements Facebook pour avoir publié des photos tout à fait respectables mais qui, pour une raison ou pour une autre sont considérées par les algorithmes comme problématiques – alors qu’un être humain se rendrait compte facilement que ce n’est pas le cas. Souvenons-nous de la politique de confidentialité d’Instagram présentée au chapitre 1 : « Nous pouvons modifier ou supprimer Instagram, ou vous empêcher d’accéder à nos services à tout moment, pour n’importe quelle raison et sans vous avertir en amont ».

Que faire, du coup ? Faire des sauvegardes régulières de toutes nos informations, y compris celles stockées sur internet – oui, oui, toutes les infos sont dans la partie dédiée du chapitre 3. Et garder en tête cette information pour être conscient et consciente des enjeux.

Ça y est, j’ai finis le blabla théorique. Vous êtes tentés par l’aventure ? Ça vous tente de reprendre la main sur vos données et d’utiliser des outils créés par et pour tout le monde ?! Yallah !

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