Le meilleur moyen pour trouver un endroit sympathique pour se poser en camion, c’est de rouler sur de petites routes de campagne, de tourner dans les endroits les plus improbables, de prendre des chemins de terre, et de finir dans un petit paradis isolé du monde.
C’est chouette, c’est bucolique, c’est symbolique… mais ce n’est pas très pratique. En vacances, c’est un jeu. Quand la vie en camion est notre vie quotidienne, au bout d’un moment, on a parfois envie de ne pas se poser de question. Et c’est là qu’il y a quelques astuces.
Park4night
La plus connue, la plus pratique, l’incontournable aujourd’hui, c’est l’application mobile Park4night. C’est une appli collaborative qui permet de partager ses bons plans pour les véhicules nomades : trouver un endroit pour dormir, de l’eau potable, de l’électricité, des machines à laver, etc. Chacun peut ajouter un nouveau lieu, les noter et mettre des commentaires.
L’avantage est de pouvoir trouver facilement un endroit où dormir, pour organiser son planning à l’avance ou, au contraire, parce qu’on s’est fait surprendre par la tombée de la nuit — et qu’il est très complexe de trouver un bel endroit pour dormir quand on ne voit pas grand-chose.
Les commentaires permettent d’avoir des compléments d’information sur les lieux, ce qui est particulièrement utile quand un espace est en travaux ou que des arrêtés municipaux interdisent désormais l’accès aux véhicules nomades.
On y trouve de tout : des aires de camping-cars gratuites ou payantes, des campings à la ferme, des aires de pique-nique ou des coins en pleine nature. Il y en a pour tous les goûts. C’est grâce à Park4night que j’ai trouvé les endroits les plus magiques où j’ai dormi en camion.
Mes spots coups de cœur
Il y a l’incontournable phare, dans le Sud de la France, entre Narbonne et Perpignan. Au bout d’un chemin, après avoir suivi une route limitée aux véhicules de moins de 2 m de large, qui longe les falaises au bord de la mer pendant 1 ou 2 km. Arrivé à bon port, seul au monde face à la mer avec le géant qui illumine la nuit…
Encore mieux que ça, il y a la Madone d’Utelle, dans les Alpes. Un sanctuaire perché sur une montagne à 1 200 m d’altitude, seul endroit desservi par une longue et étroite route en lacets (que nous avions gravi de nuit pour plus de suspens…). Le plateau au sommet est relativement plat et ouvert permettant d’avoir de l’espace, de courir, de jouer, et d’avoir un panorama à 360° sur tous les environs.
Dans un style différent, il y a tous ces endroits dans le Sud de la France, en Espagne ou en Italie où il y a des sources naturelles d’eau chaude qui émergent de la roche.Certains spots sont connus, voire privatisés, mais de nombreux autres sont ouverts à tous, accessibles, en pleine nature. Je me souviens d’une fois où je suis arrivée dans l’eau chaude en février et qu’il s’est mis à neiger. Magique !
Des spots impressionnants, je pourrais en citer des dizaines, peut-être des centaines d’autres, mais si je continue sur mes lieux coups de cœur, je suis obligée de citer l’Aragon. L’Aragon est une région d’Espagne, située entre la Navarre (le Pays Basque espagnol) et la Catalogne (la région de Barcelone). Grosso modo, derrière les Pyrénées, au centre. Ce n’est pas Park4night qui nous a emmenés là-bas, mais un ami qui y a acheté un terrain. Nous sommes partis lui rendre visite et nous sommes tombés sous le charme.
Le plus étonnant est sans doute le contraste entre le côté français des Pyrénées, humide et froid (surtout que j’y vais toujours en plein hiver) et, dès que l’on quitte le tunnel du Somport qui permet de traverser la frontière, cette vaste étendue aride où poussent des herbes de garrigue. C’est une région désertique, où l’on dénombre, pour la partie la plus proche de la France, moins de 15 habitants par km², c’est-à-dire… vraiment pas grand monde.
Oliviers et amandiers sont des arbres typiques de cette région, qui pourrait ressembler à un paysage de western avec, ici et là, de grands monticules rocheux qui sortent de terre. Les canyons sont nombreux, et c’est un paradis pour les amateurs de sports de pleine nature et de via ferrata (ces itinéraires aménagés à mi-chemin entre la randonnée et l’escalade).
Il est possible de se poser en camion dans de nombreux endroits où l’on ne croise absolument personne, si ce n’est, parfois, un berger qui fait paître son troupeau sur des kilomètres pour lui permettre de trouver suffisamment d’herbe, rare en ces contrées.
C’était le pèlerinage idéal pour l’hiver, quand je travaillais sur la série documentaire SideWays et que je passais les autres saisons à rencontrer du monde, faire des projections et bouger dans tous les sens. Avec mon ami et collègue, nous partions en résidence d’écriture et de montage vidéo dans cette vaste étendue déserte pour être au calme et prendre du recul. Bien qu’il ne fasse pas toujours très chaud, le soleil quasi permanent nous permettait à la fois de chauffer le camion et de recharger les batteries grâce aux panneaux solaires afin de travailler sans nous poser de question.
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